Apple ébranlée par une décision ‘contre’ Microsoft ?

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Afin de mettre fin à une centaine de poursuites judiciaires individuelles, Microsoft propose de donner pour 500 millions de dollars de logiciels et matériels en faveur des écoles américaines défavorisées. Joli geste sur le papier, mais cela pourrait surtout s’avérer comme une formidable campagne marketing du géant de Redmond, avec la bénédiction du gouvernement américain.

Le géant de Redmond vient de proposer, la main sur le coeur, de fournir pour 500 millions de dollars (555 millions d’euros) de dons pour aider la pénétration des hautes technologies dans les écoles américaines les plus défavorisées. Sur cette somme, 90 millions seraient affectés à la formation des professeurs, tandis que 160 permettraient de financer le support technique. La firme fournirait également 1 million de licences de son système d’exploitation Windows à des organisations caritatives qui seraient chargées de les prodiguer aux écoles sur des machines de seconde main. Le tout accompagné d’une assistance illimitée pour les logiciels Microsoft pendant cinq ans.

Pourquoi tant de générosité ? Pas vraiment par grandeur d’âme, mais plutôt une manière de régler à l’amiable une série de près de 100 poursuites en justice auxquelles la firme doit faire face. Pourtant, aux yeux de Steve Ballmer, l’actuel PDG du géant des logiciels, l’offre se veut altruiste. Un point de vue pas vraiment partagé par la concurrence : le marché de l’éducation américain est principalement aux mains d’Apple pour ce qui est de la base de machines installées. La firme reste deuxième dans le primaire et le secondaire en termes de ventes de machines. La proposition de Microsoft s’avère de nature à désavantager spécifiquement Apple et, au-delà, toutes les autres sociétés présentes sur le marché de l’éducation avec d’autres systèmes d’exploitation que celui de Microsoft, comme la firme Red Hat qui propose une version de Linux ou encore Sun Microsystems qui est également en mesure de proposer des solutions complètes. L’offre de Microsoft pourrait toucher 14 % des établissements américains. Pas exactement l’épaisseur du trait, mais plutôt une part susceptible de déséquilibrer profondément le marché.

Un pied de nez à la justice américaine

Aux Etat-Unis, la proposition a déjà commencé à choquer. La justice américaine, si elle l’acceptait, jouerait pleinement le jeu des pratiques commerciales sauvages souvent reprochées à Microsoft. En l’espèce, la proposition de Steve Ballmer est un véritable pied de nez au système judiciaire américain, même si le PDG de Microsoft dément toute tentative de conquête de marché. « Ce que nous fournissons peut être utilisé sur des PC ou des Macintosh. Assurément, cet argent peut être utilisé pour des logiciels non Microsoft, ainsi je ne considère pas qu’il s’agisse d’une proposition liée à la part de marché », a-t-il indiqué. Les dés ne seraient donc pas encore jetés. Cela dit, les bénéfices en termes d’image et de popularité que Microsoft en tirera certainement ne ressemblent guère à une sanction pour pratiques anticoncurrentielles, abus de position dominante et pratiques déloyales destinées à préserver un monopole illégal ! Mais comment la refuser dans le même temps : tous les élèves des Etats-Unis ont droit à l’accès à ces technologies ! Après l’accord signé avec le ministère américain de la Justice et neuf des dix-huit états poursuivant le géant (voir édition du 7 novembre 2001), on a vraiment l’impression que Microsoft trouve toujours une solution pour s’en sortir en toute impunité.